Travail initiatique collectif et « présence » spirituelle - extrait

Dans la Kabbale hébraïque, il est dit que, lorsque les sages s’entretiennent des mystères divins, la Shekinah se tient entre eux ; ainsi, même dans une forme initiatique où le travail collectif ne paraît pas être, d’une façon générale, un élément essentiel, une « présence » spirituelle n’en est pas moins affirmée nettement dans le cas où un tel travail a lieu, et l’on pourrait dire que cette « présence » se manifeste en quelque sorte à l’intersection des « lignes de force » allant de l’un à l’autre de ceux qui y participent, comme si sa « descente » était appelée directement par la résultante collective qui se produit en ce point déterminé et qui lui fournit un support approprié. Nous n’insisterons pas davantage sur ce côté peut-être un peu trop « technique » de la question, et nous ajouterons seulement qu’il s’agit là plus spécialement du travail d’initiés qui sont déjà parvenus à un degré avancé de développement spirituel, contrairement à ce qui a lieu dans les organisations où le travail collectif constitue la modalité habituelle et normale dès le début ; mais, bien entendu, cette différence ne change rien au principe même de la « présence » spirituelle.

Ce que nous venons de dire doit, d’autre part, être rapproché de cette parole du Christ : « Lorsque deux ou trois seront réunis en mon nom, je serai au milieu d’eux » ; et ce rapprochement est particulièrement frappant quand on sait quelle relation étroite existe entre le Messie et la Shekinah [1]. Il est vrai que, selon l’interprétation courante, ceci concernerait simplement la prière ; mais, si légitime que soit cette application dans l’ordre exotérique, il n’y a aucune raison pour s’y limiter exclusivement et pour ne pas envisager aussi une autre signification plus profonde, qui par là même sera vraie a fortiori ; ou du moins il ne saurait y avoir à cela d’autre raison que la limitation du point de vue exotérique lui-même, pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas le dépasser.

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[5] On prétend parfois qu’il existerait une variante de ce texte, portant seulement « trois » au lieu de « deux ou trois », et certains veulent interpréter ces trois comme étant le corps, l’âme et l’esprit ; il s’agirait donc de la concentration et de l’unification de tous les éléments de l’être dans le travail intérieur, nécessaire pour que s’opère la « descente » de l’influence spirituelle au centre de cet être. Cette interprétation est assurément plausible, et, indépendamment de la question de savoir exactement quel est le texte le plus correct, elle exprime en elle-même une vérité incontestable mais, en tout cas, elle n’exclut nullement celle qui se rapporte au travail collectif ; seulement, si le nombre de trois était réellement spécifié, il faudrait admettre qu’il représente alors un minimum requis pour l’efficacité de celui-ci, ainsi qu’il en est en fait dans certaines formes initiatiques.

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